Le véritable esprit de révolte consiste à exiger le bonheur, ici, dans la vie ! (H.Ibsen)
6 Septembre 2012
Vous connaissiez le bonus-malus sur les voitures? Il devrait être prochainement appliqué à l'énergie. La "tarification progressive" pour l'électricité, le gaz et l'eau dans un deuxième temps est un des chantiers prioritaires de la nouvelle majorité. Déposée mercredi à l'Assemblée nationale, la proposition de loi figure au calendrier de la session de septembre. Le texte devrait entrer en vigueur avant la fin de l'année mais le tarif ne sera pas appliqué avant fin 2013.
Il s'agit de facturer à bas prix (entre 3 et 10% moins cher qu'aujourd'hui) les premiers kilowattheures d'électricité ou les premiers mètres cubes de gaz, correspondant aux besoins de base, puis augmenter les tarifs pour les besoins de confort ou de luxe. Trois paliers seront modulés selon le nombre d'occupants du foyer et la zone géographique du logement. Un système équivalent pour l'eau est déjà expérimenté dans plusieurs villes, comme Libourne, Dunkerque ou Arras. Il sera généralisé au niveau national dans un deuxième temps, comme les énergies hors réseaux (fioul, bois, etc).
"C'est une révolution qui concernera tout le monde", assure François Brottes, président PS de la commission des Affaires économiques. Le premier enjeu du gouvernement est de lutter contre la précarité énergétique. Alors que huit millions de Français ne parviennent pas à se chauffer correctement, seuls 600.000 foyers bénéficient des tarifs sociaux de l'énergie. Ce système sera étendu à quatre millions de foyers.
Isoler les logements
A l'origine, la mesure était surtout une trouvaille écolo destinée à éviter le gaspillage de ressources énergétiques et les émissions de CO2. "Nous soutenons le principe, mais il est incomplet, déplore Michel Dubromel, vice-président de France Nature environnement. Pour être efficace, il doit s'accompagner d'un plan d'isolation des logements."
En pratique, la tarification progressive se heurte à des problèmes techniques, comme les chauffages collectifs au gaz ou le manque de compteurs d'électricité intelligents. Elle risque aussi de créer des effets d'aubaine pour les résidences secondaires, car l'abonnement devrait disparaître. "C'est une fausse bonne idée, une usine à gaz", déplore Raphaël Homayoun Boroumand, professeur d'économie à l'ESG Management School Paris. "Mieux vaudrait dissocier les objectifs, élargir le tarif social et relancer les programmes d'énergies renouvelables pour l'environnement."