8 Avril 2013
Monsieur le directeur
Dans la dernière semaine de mars, les personnels du service de cardiologie nous ont fait part de la grave dégradation de leurs conditions de travail, suite à l’accumulation de jours où ils ont été contraints de travailler en sous effectifs.
Il leur était devenu insupportable de ne plus pouvoir, dans ces conditions, garantir la sécurité des soins. Cette situation qui n’avait que trop duré devait encore se prolonger le week-end de Pâques, en raison de congés maladie non remplacés.
Nous avons donc, en vertu de la réglementation, provoqué un CHSCT extraordinaire. Vous avez pu, lors de cette réunion, entendre les agents qui ont, par des arguments convaincants démontré la nécessité de maintenir le poste en journée pour l’infirmière. L’ensemble des tâches à accomplir, l’efficience des surveillances et la sécurité des patients ne pouvaient être garantis sans les effectifs nécessaires.( Qui avaient d’ailleurs été approuvés par vous-mêmes il y a à peine un an, à la création du SINCV)
Les agents, ainsi que les représentants du personnel sont parvenus à vous convaincre, puisqu’à l’issue du CHSCT vous avez décidé qu’il fallait rechercher des agents volontaires dans l’établissement pour travailler en heures supplémentaires afin de pourvoir le poste manquant. (Nous avions quant à nous demandé la possibilité de recourir à l’intérim).
Il aura fallu toute cette mobilisation pour que les personnels soient enfin entendus.
Un agent, pour le moins conscient de sa mission de service public, a donc renoncé à son repos pour venir travailler le dimanche de Pâques afin d’aider au bon fonctionnement du service de cardiologie.
Mais à 13 heures il a été demandé à cette infirmière de rentrer chez elle sous prétexte que tous les lits n’étaient pas occupés.
Avoir dérangé quelqu’un un dimanche pour lui demander de repartir quelques temps après, il fallait oser ! Nous ne sommes pas des pions, nous avons une vie privée, rien ne prévoit dans le statut des journées raccourcies pour raison de service, de quelle manière cela a-t-il été demandé à l’agent, lui a-t-on réellement laissé le choix ? Nous l’ignorons mais nous souhaitons le savoir.
Quelle instance a été consultée pour déterminer à partir de combien de lits inoccupés peut -on réduire les effectifs ? Quels postes peuvent être réduits ?
Mais, ce qui devait arriver arriva et cela n’a rien d’extraordinaire : il y a eu trois entrées après que l’agent soit parti.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’hôpital remplit une mission de service public de santé. Les malades ne sont pas dirigés ailleurs, ils ne sont pas choisis, il faut répondre aux besoins des populations. L’infirmière restée seule à son grade a dû assurer ce qu’elle a pu, délaissant ainsi des tâches de logistique. Confrontée à un patient particulièrement agité elle a dû seule faire face.
Lorsqu’en plus les aides-soignantes présentes étaient des « renforts » provenant d’autres services : voyez l’accumulation des difficultés !!
Le directeur de garde, en l’occurrence le directeur des soins, qui a pris cette décision était pourtant présent lors du CHSCT, s’il n’était pas convaincu de la nécessité de pourvoir le poste en journée pourquoi ne l’a-t-il pas fait devant les personnels lors de la réunion. Mais pour le moins, quand on prend la décision de réduire les effectifs, une autre décision devrait s’imposer : celle de bloquer les entrées. Sinon où serait la logique ?
Comment peut-on mettre en difficulté un service alors qu’une solution avait été trouvée, aussi imparfaite soit-elle ? Est-ce pour des raisons d’économie ? tout au plus une centaine d’euros ! Ou bien s’agit-il d’une minable mesure de rétorsion à l’encontre des agents qui ont commis cet affront d’exiger des conditions de travail décentes en garantissant la qualité des soins ?
Face à la difficulté d’exercer nos métiers il y a deux solutions soit on lutte pour obtenir les moyens pour se faire entendre et respecter dans l’intérêt du service public rendu aux populations, soit on fuit pour chercher un hypothétique bonheur ailleurs.
L’hôpital de Montauban à cette chance d’avoir des personnels mobilisés qui préfèrent lutter que de démissionner face à l’adversité. La direction devrait s’en réjouir et entendre ceux qui au quotidien assurent la mission de service public dans notre département.
http://www.cgtchmontauban.info/lhopital-a-de-la-chance-lettre-ouverte-a-monsieur-le-directeur/